ROMAN – Dès 11 ans *
De Youri de PAZ
Éditions Oskar jeunesse – 9,95 €
» Je n’ai plus cinq ans. Je mérite mieux que le silence, et beaucoup mieux que leurs bavardages »
A douze ans et demi, Stella veut en effet savoir, comprendre ce que signifient les objets oubliés (cachés ?) au grenier : une étoile de David en or, un vêtement, la photo d’un enfant arrêté par son grand-père soldat.
On lui oppose silence ou balivernes.
D’hypothèses en suppositions, elle souffre d’imaginer que son aïeul si tendre et humain ait pu participer à l’horreur de la Shoa et minimiser les faits.
Comment arracher à ses parents le bâillon d’un silence qu’ils croient protecteur alors qu’il la blesse ?
Le long cheminement intérieur de tous permettra de parvenir aux explications libératrices de la fin. L’apaisement sera possible car un acte secret de résistance engageant tout l’avenir rachète ce qui a été imposé par la dictature.
(L’enfant soi-disant arrêté est son propre père sauvé d’une rafle par l’Allemand de la photo – le grand-père Otto – qui l’a caché et élevé ensuite au péril de sa propre sécurité).
Ce petit livre court, facile à lire, aborde mine de rien de grands problèmes à la portée universelle.
Le biais choisi renouvelle l’approche d’un drame tant évoqué que l’on se demande qu’y ajouter encore.
L’auteur a pourtant beaucoup à dire. Il le fait en privilégiant une approche humaine et individuelle, rappelle discrètement les faits, sans négliger l’aspect éducatif. Voilà bien des qualités.
– Le thème douloureux des actes de guerre est abordé ici à travers le regard d’une fillette à peine sortie de l’enfance. Elle est dotée d’une personnalité entière qui anime le texte (à la 1ère personne) d’incidents dus à ses réactions impulsives et surprenantes. Sympathique !
– Sa vision neuve, lucide, impliquée mais critique, est doublée d’une profonde tendresse pour son grand-père de 83 ans apparemment mis en cause : dilemme émouvant.
– L’enquête menée pas à pas avec une volonté peu commune présente un petit côté policier très vivant, presque plaisant ; l’attention est soutenue aussi par les émotions ressenties parallèlement et dues à l’ignorance. Cela conduit l’enfant à imaginer le pire et à en souffrir.
Quand le passé s’engouffre dans le présent alors que l’oubli était plus commode, l’Allemagne contemporaine n’est pas seule concernée. Tout peuple connaît des moments d’histoire peu glorieux qui incitent à se retrancher derrière les versions officielles commodes ou édulcorées.
Toute famille a aussi ses secrets. Quand parler, faut-il même le faire ?
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