DOCUMENTAIRE / HISTOIRE – Dès 12 ans *
De Michel LAPORTE
Éditions Flammarion Jeunesse – 6,20€
Dans ce premier ouvrage consacré à l’histoire méconnue des rois Francs, Michel Laporte nous plonge dans cinq siècles des tourbillons d’une histoire où notre pays n’était plus la Gaule mais pas encore la France.
Tout au long de neuf chapitres, il nous promène d’abord dans les mythes et les légendes d’une époque où les récits et les chroniques ont longtemps nourri l’imaginaire des peuples avec ce qu’ils comportent de merveilleux, d’invention, de fantastique, de divin… souvent de mauvaise foi aussi pour le mieux des rois à qui cette démarche de communication profite.
Puis, de façon symétrique, il passe cet imaginaire au scanner de la recherche pour en extraire des réalités et des faits historiques qui étonneront.
Ébouriffant voyage dans un monde où tout est mouvement !
Au début était Troie, mère de toutes les guerres et de l’errance des peuples dans l’espace eurasiatique où brillent les lumières de Bagdad, de la cosmopolite Byzance, refuge d’un empire romain désormais tourné vers l’ Orient, de la puissance spirituelle émergente du pape à Rome, pendant que les Sarrasins musulmans développent en Espagne une civilisation brillante, héritière des savoirs du monde hellénique.
Aux marches de ces puissances impérialistes, on assiste au déferlement des hordes barbares qui vont de razzias en razzias et imposent leur loi aux peuplades autochtones avec la volonté confuse de construire à leur tour royaumes et empires.
Avec les chroniques de l’époque, les récits en forme de chansons de geste, Michel Laporte déroule avec des mots simples l’embrouillamini de l’histoire immédiate faite de guerres incessantes, d’affrontements sanglants dans la lutte pour le pouvoir où tous les coups sont permis et tous les revirements possibles.
Ce roman de l’histoire choisit bien sûr le camp des vainqueurs !
Nous voilà avec Francion allié des romains contre les Alains.
Valentin les qualifiera de « Francs » c’est-à-dire sauvages, audacieux, insensibles et durs, toutes qualités qui les amèneront à refuser la tutelle fiscale de Rome et les conduira à se construire un avenir dans l’errance.
Les voilà bientôt en Thuringe, en terre belge puis à Cambrai où Mérovée va ouvrir une longue lignée de chefs qui vont jeter les bases du royaume de France au prix d’incessantes batailles, de luttes intestines et de vraies guerres contre les saxons et les wisigoths tout en intégrant progressivement des éléments de droit romain et en mettant de leur côté la puissance spirituelle du pape, en imposant la religion chrétienne par le fer, le sang et le rêve métaphysique.
Dans cette longue marche vont émerger :
– des hommes qui vont poser les jalons d’un royaume sédentaire : Clovis, Dagobert, Pépin, Charles Martel, Grégoire de Tours et bien d’autres jusqu’à Charlemagne qui deviendra empereur…
– des femmes qui seules, avec ou contre leurs époux, vont contribuer de l’histoire, Basine, Clothilde, Geneviève, Brunehaut et Frédégonde….
– des évènements fondateurs ou célébrés comme tels, le songe et la prophétie de Basine, la parabole du vase de Soissons, le baptême de Clovis, l’appel à Dieu lors de la bataille de Tolbiac et bien sûr la geste de Charlemagne empereur….
Avec l’avènement de Hugues Capet s’achève le temps du règne des Francs par la conquête et commence le temps d’une royauté nationale.
Vient ensuite la deuxième partie de l’ouvrage où l’on passe des mythes et légendes à celle des enseignements de la recherche historique.
Après en « ce temps-là, il y avait » le ton change et on en vient au « on vous a dit que mais… ».
Le lecteur découvrira une autre réalité :
– la chanson sur Dagobert n’est pas de l’époque mais du règne de Louis XVI où elle permettait de se moquer du roi sans risquer les foudres de la censure et elle fut même interdite par Napoléon après la piteuse campagne de Russie…
– la bataille de Poitiers ne fut peut- être pas le choc de civilisation que l’on évoque parfois…
– Charlemagne ne portait pas la barbe et il n’a pas inventé l’école même s’il en a fait un moyen de renouveler les élites de l’empire.
On apprendra que sa guerre contre les saxons serait aujourd’hui qualifiée de génocide…
Mais souvent quand la légende est plus belle que la réalité, on raconte la légende !
Voilà un excellent ouvrage qui souffre d’une présentation rudimentaire voire austère qui en rebutera plus d’un et qui aurait gagné à être illustré et complété d’une chronologie sur un axe du temps.
Il ne viendra pas spontanément au lecteur et c’est bien dommage !
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