ALBUM – Dès 11 ans
de Martine DELERM
Éditions Cipango – 19€
Une petite fille erre sur des décombres de béton dont « mille éclats jonchent les rues ».
D’autres petites filles à l’âge incertain, « aux nattes brunes », ou « aux boucles blondes » sont derrière la fenêtre.
Un seul point commun à toutes, « des yeux sans larmes ».
Celle-ci sort le soir pour aller chercher de l’eau au fleuve et les hommes rient trop fort sur son passage.
D’autres traînent leurs petits frères dans la traversée du désert.
D’autres qu’on plaint sont si belles qu’elles font les affiches « des murs parisiens ».
Et celles-là qui vivent sous des tentes, derrière des grilles ou en haut des cages d’escalier, où ont-elles rangé leurs rêves « blessés d’éclats de verre » ?
Et les autres, celles qui chantent sous les burkas, celles qui voudraient seulement un peu de silence, les prisonnières, celles qui se cachent depuis toujours ou sacrifiées à des raisons d’état depuis la nuit des temps, depuis « Antigone peut-être » ? « La liberté de dire non, la liberté d’en mourir »…
Pourquoi ? Qui se cache derrière cette condition effrayante faite aux petites filles ?
Un long poème qui dit toute la détresse de ces « victimes idéales » que sont souvent des petites filles privées d’enfance.
Il dénonce la condition féminine dans beaucoup de pays du monde puisque les images nous ont permis de reconnaître les ruines des territoires palestiniens ou du Liban, l’Afrique aux déserts pollués, l’Afghanistan, la Russie aux grandes forêts où la liberté est bien précaire.
Le texte et les images sont tout en symboles, comme le titre même faisant référence à Antigone, héroïne universelle, et expriment avec délicatesse des sujets brûlants.
L’auteur utilise la force de son trait de plume pour suggérer tout ce qui lui tient à cœur sur ce sujet, l’image la plus forte étant sans doute celle de la page de titre avec toutes ces petites filles qui se voilent la face, qui avec un foulard, qui avec un éventail, qui avec les mains, pour ne pas voir la condition de la pauvre enfant assise à leurs pieds.
C’est poignant et sobre à la fois !
Réédition bienvenue de cet album paru une première fois en 2007 aux éditions du Panama et toujours malheureusement d’actualité !
En fin d’album, on trouve ici en postface et en prolongement, une mise en lumière tout en sensibilité de sa genèse, par l’autrice.
Un coup de coeur d’Opalivres ♥ !
Delerm martine –
Je vous remercie du fond du cœur
Ma note est pour vous!