Documentaire – Dès 13 ans
de Gérard DHOTEL et Jeff POURQUIE
Actes Sud Junior – 14,90€
C’est aux collégiens et aux lycéens que Gérard Dhôtel et Jeff Pourquié veulent parler du conflit franco-algérien, cette guerre sans nom qu’ils n’ont pas vécue et dont les cicatrices mal refermées continuent de nourrir une ravageuse « guerre des mémoires ». Ils le font dans un remarquable documentaire historique tout à la fois chronologique, thématique, didactique, rigoureux et documenté qui se décline dans une vaste fresque où s’inscrivent tous les acteurs de ce qui reste une tragédie.
L’ouvrage s’ouvre sur une frise historique qui situe les évènements dans le temps long, celui qui va de la conquête coloniale à la naissance la nation algérienne. Rien n’est désormais occulté et le massacre de Sétif du 8 mai 1945 porte les lui en germes de « la Toussaint Rouge » de novembre 1954 qui va mener le peuple algérien de la révolte au combat pour l’indépendance. Cette fresque se décline ensuite en vingt tableaux autant chronologiques que thématiques ( les harkis et les appelés dans la guerre …). Chacun d’eux est illustré d’une gravure parlante dont le graphisme est largement inspiré des tableaux « Rossignol « d’antan un peu vieillot sans doute mais si parlant. A chaque fois, une accroche précise la problématique avec en exergue le portrait d’une personnalité qui s’y rattache ( Ferhat ABBAS et la naissance du nationalisme algérien ou Massu et la Bataille d’Alger) . Le sujet se développe en articles sur le mode journalistique le « je vous ai compris » de De Gaulle, « le putsch des généraux» avec Salan ou la « journée des tomates » avec Guy Mollet). Des encadrés en écriture bleue documentent les sujets ( ici les données du jeune Etat Algérien, là les appels au « cessez le feu » de l’ Armée de Libération Nationale en 1962….).
L’ouvrage s’achève par une série de témoignages qui traduisent des souffrances, celles des appelés devant les horreurs de la guerre du FLN auxquelles répondent les cris de douleur de la torture ou le désarroi des « pieds noirs qui vivaient en bonne intelligence avec les algériens… » Le livre se ferme sur le tableau des cicatrices mal refermées et l’effigie de Camus qui exprime à lui tout seul le déchirement d’avec sa terre et la difficulté du combat humaniste entre le patriotisme des uns et le combat pour l’indépendance des autres.
Coup de cœur pour ce remarquable ouvrage que l’on destine aux collégiens et aux lycéens comme à tous ceux qui veulent comprendre sans se laisser enfermer dans la « Guerre des mémoires ».
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.