ROMAN – Dès 15 ans.
De Jenny JÄGERFELD.
Editions Thierry Magnier – 17,50 €.
L’auteur : Jenny Jägerfeld est suédoise, psychologue de formation ; elle écrit pour la jeunesse. Déjà récompensée en Suède pour ce roman, premier à être traduit et publié en France.
Titre :cette expression est empruntée au discours de la météorologie marine, décrivant l’état de la mer : dans la gradation de l’aspect de lamer c’est « agitée à forte », puis très forte. Et inversement lorsque l’état de la mer s’apaise c’est « forte à agitée » puis calme. C’est ce sens d’apaisement qui convient au fil de l’histoire ici racontée.
Récit : c’est le récit de Maya, dix sept ans, très déterminée, rebelle dans ses comportements et son allure physique, tantôt asociale, tantôt sensible et généreuse.
Avec une puissante affirmation de ses ressentis et de ses réflexions, elle raconte son quotidien, son présent fait d’ennui et de résistance, de souffrances et d’interrogations.
Beaucoup d’autodérision et de pertinence dans ses jugements !!
Elle vit à Stockholm chez son père et rend visite à sa mère un weekend sur deux : mais voilà que sa mère ne répond plus aux messages de sa fille et est absente au rendez-vous de fin de semaine : Maya est inquiète mais en se persuadant que rien de grave n’est arrivé, elle ne révèle pas à son père les silences et la disparition de sa mère.
Elle cherche à comprendre, à éclairer le présent par l’évocation des souvenirs liés à ses parents : elle admire la beauté, l’intelligence de sa mère qui certes a toujours été une femme distante et insaisissable mais de là à disparaître !! Que s’est-il passé ?
Dès l’ouverture du roman, le lecteur est plongé dans le vécu « souffrant » de Maya : « …jeudi 12 avril, la veille du jour international du malheur imaginé », elle a sectionné son pouce avec une scie sauteuse en cours d’arts plastiques ! Le sang coule abondamment – comme évoqué en première de couverture et dessiné en tête de quelques chapitres – ce qui donne à cette blessure accidentelle la dimension d’une souffrance intime et enfouie qui file tout au long du récit et du vécu de la jeune fille.
Le symbole de la mutilation est très explicite : accident survenu la veille d’un vendredi 13 !!
Et Maya s’affirme en résistant à la douleur physique, à la sensibilité affective, à l’inquiétude : c’est une adolescente minée par les questions sans réponses que la disparition de sa mère va révéler.
L’auteure conduit le lecteur dans l’accompagnement des tergiversations de Maya, adolescente attachante, peu généreuse envers elle-même, compliquée, froide et aussi sensible : avec elle, il va essayer de comprendre comment une famille vit avec la maladie de l’un de ces membres, en l’occurrence le syndrome d’Asperger dont est atteinte la maman de Maya. C’est l’aboutissement du récit.
Une lecture à réaliser en osmose avec le récit de l’intime de la narratrice et en empathie avec les difficultés d’assumer une maladie destructrice des relations humaines.
Une construction romanesque maîtrisée et une écriture fluide.
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