ROMAN GRAPHIQUE – Dès 13 ans – « La grande épopée chevaliers de la table ronde » – Tome 1
Sophie LAMOUREUX pour le texte
Olivier CHARPENTIER pour les illustrations
Éditions Acte Sud Junior – 16.50 €
Puiser l’inspiration aux meilleures sources et conjuguer leurs talents pour doter la littérature jeunesse d’une « Grande Épopée des Chevaliers de la Table Ronde », c’est l’ambitieux projet de Sophie Lamoureux et Alain Charpentier qui font équipe pour nous livrer ce bel ouvrage illustré, premier tome d’une saga prometteuse !
Par la magie des mots les plus simples et la puissance de suggestion du graphisme épuré des illustrations, le jeune lecteur découvrira un monde
médiéval plein de poésie, d’humanité, de mouvement où les grandeurs et les turpitudes de l’âme humaine se parent du masque du fantastique dans un affrontement constant entre le bien et le mal sur des thématiques d’une grande modernité.
A travers les destins liés du jeune Arthur et de l’énigmatique Merlin, il plongera dans un récit épique où les héros se meuvent dans une géo politique complexe alors que leur destin est dans la main de dieu, des dieux, des fées, des femmes… ou du diable et à la merci de leurs sortilèges et de leur bon vouloir !
Le lecteur jeune ou moins jeune accompagnera le jeune Arthur dans la quête de ses origines comme dans l’accomplissement de son divin destin et découvrira :
– que dans la lutte pour le pouvoir, la reconnaissance de dieu ne suffit pas et qu’il faut faire campagne, savoir se faire aimer et, parfois, se montrer magnanime…
– que parfois la paix est le prix de la guerre avec son odeur de sang, de fer et de sueur…
– qu’à travers le code de la chevalerie, c’est un humanisme et un droit européen qui s’affirment bien au-delà du royaume de Bretagne dont les valeurs et les questionnements sont toujours d’actualité dans le monde d’aujourd’hui même si, pour le cynique Merlin, la raison d’état peut toujours
s’accommoder de quelques entorses aux principes car il est vrai que « le bien n’existe pas sans le mal… ni le mal sans le bien ».
Le lecteur, jeune ou moins jeune, sera surpris par l’extraordinaire présence des femmes dans cette épopée chevaleresque, mères aimantes et rédemptrices, épouses plus ou moins fidèles, grandes amoureuses, fées sans scrupule, amantes possessives et perverses…
Leur relation à l’amour est tout sauf platonique…et les valeurs que le jeune Arthur entend inscrire dans le droit trouvent elles aussi écho dans le monde d’aujourd’hui quand il affirme que « ce ne sont pas les femmes qui sont au service de l’homme mais l’inverse… et qu’il ne faut plus brûler les filles mères ! »
Le lecteur jeune ou moins jeune sera subjugué par la truculence des personnages secondaires et notamment la faconde de ce perroquet Papegau hissé au rang de conseiller en communication qui va chantant les louanges de son roi et seul capable d’interpréter les prophéties de Merlin…
On n’en dira pas plus !
Nous sommes constamment à la croisée des chemins de trois mondes qui vont façonner l’identité européenne :
– le paganisme des peuples du Nord
– la bible des chrétiens
– les récits mythologiques de la civilisation grecque.
Dans son combat contre Rithon, Arthur emprunte à David.
Dans le jardin d’Avalon, il est à la fois Adam et Héraclès.
Son épée Excalibur lui est remise par la fée Viviane et porte le sceau des dieux anciens comme celui du dieu nouveau pendant que son bouclier est à l’effigie de la Vierge Marie…
Mais voilà Arthur au bout de son parcours initiatique !
Il est roi par dieu. Il a été reconnu par son peuple. Il a vaincu ses ennemis et a trouvé femme.
Mais par les révélations de Merlin, il se découvre bâtard, victime de sa sœur Morgane qui a abusé de sa vertu et futur père de son assassin…
Comme Alexandre et Héraclès, comme les pharaons, il semble grand et maudit à tout jamais !
Pour son salut, il lui faut conquérir le Saint Graal et réunir les chevaliers de la Table Ronde…
Au bout de cinquante épisodes, c’est la fin de la saison 1 …
Nous attendons la saison 2 avec une certaine impatience !
Dans la forme comme dans le fond des thèmes traités, c’est tout à fait digne de « Star Wars » et autre « Seigneur des Anneaux » et seulement par la simple magie des mots et de quelques illustrations à la fois très modernes et médiévales dans leur naïveté.
Voilà un ouvrage qui devrait s’imposer voire faire référence !
Le plaisir est au bout de la lecture et le jeune lecteur devrait découvrir la modernité de cette épopée et des thèmes abordés.
C’est un ouvrage tourné vers la lecture à haute voix et la pratique du livre vivant.
C’est aussi une entreprise littéraire qui devrait inciter à l’écriture.
Rien n’empêche les plus courageux d’aller vers une version en langue ancienne…
Ils y découvriront une autre musique des mots tout aussi magique !
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