ROMAN – Dès 9 ans **
de KOCHKA
Éditions Thierry Magnier – Collection (Petite poche) – 4,20€
C’est l’histoire de la fin de vie de Papi Jack, vue par Maxou, son petit-fils. Maxou adore son Papi qui a été un grand bâtisseur et un grand voyageur mais qui, aujourd’hui, se perd dans l’espace, dans le temps – il n’a plus d’âge, ou un âge différent tous les jours -, dans les mots du quotidien et même dans le prénom de son petit-fils chéri qu’il appelle à présent « le petit bonhomme »…
Tout ce qui a été partagé s’efface, tous les récits d’une vie riche, tous les événements familiaux… Papi Jack se tourne vers les objets et leur parle, comme si, eux, le comprenaient… Puis il se tait, prêt à partir vers le nouveau monde.
Ce livre est bouleversant car il décrit à hauteur d’enfant les étrangetés de la maladie d’Alzheimer résumées dans cette phrase : « Sa boussole intérieure se détraquait ».
L’auteur a des phrases simples et magnifiques pour décrire la confusion du Papi, son voyage immobile dans un Ehpad qui prend « des allures de village » : « L’espace s’est agrandi autour de Papi Jack, ou alors c’est Papi Jack qui a rapetissé… Sa chambre devient sa maison, le couloir la rue, la chambre d’en face la maison d’en face… ».Maxou va devenir « monsieur », les objets vont s’animer, les seuils de porte vont devenir des postes frontières… Mais bon, ce n’est pas drôle de ne plus se comprendre, de ne plus parler la même langue, jusqu’à ce constat déchirant de Maxou : « Il m’avait comme effacé ».
Heureusement, la maman de Maxou est là pour lui expliquer joliment comment fonctionne la maladie : « son corps est un instrument de musique qui se désaccorde… de ce monde mais il capte une nouvelle musique ».
Accepter la nouvelle musique, accepter de ne plus être son petit Maxou, accepter la danse des robes de chambre. Ne plus essayer de parler du passé pour raviver une mémoire qui n’est plus. Papi a cessé de parler et Maxou accepte son silence, puis il cesse de manger et s’éteint. Maxou garde en lui sa dernière partition de vie, sa petite musique déglinguée, et le lecteur l’extrême délicatesse de ce récit intime. Pas un mot de trop, juste l’essentiel et tout est dit !
Un roman aussi concis que précieux. Il tient dans la main et il est tout doux à lire alors qu’il parle avec beaucoup de justesse d’une terrible maladie. Un roman à lire en famille, aux petits-enfants des Papi et Mamie Alzheimer pour qu’ils se sentent eux-mêmes moins déboussolés.
Kochka –
Merci pour la façon dont vous avez reçu ce petit texte, et pour les mots que vous avez écrits à son sujet…. <3 Les 5 étoiles "notent" votre regard et votre sensibilité….