BANDE DESSINÉE – Dès 14 ans
Mathieu MARIOLLE pour le scénario
Fabio PIACENTINI pour le dessin
Massimo TRAVAGLINI pour les couleurs
Éditions les Humanoïdes associés – 22€
Ce somptueux album historique nous conte en bande dessinée le destin du sous-marin U-864 qui quitta Kiel le 5 décembre 1944 pour une mission sans retour, emportant avec lui ce qui aurait pu être l’ultime espoir d’Hitler pour gagner la guerre…son dernier secret.
Si la traque par les alliés britanniques et américains est avérée et s’il est établi que l’U-864 fut coulé dans le seul affrontement connu entre deux submersibles en immersion, on ne sait rien de ce qui s’est passé dans ce sous-marin, la réalité de sa mission et l’histoire intime et personnelle des membres de l’équipage…
Cet album est le récit uchronique et documenté de cette histoire.
La grandeur du récit réside d’abord dans la force du dessin pour évoquer les scènes de guerre dans une Allemagne en lambeaux.
A Hambourg la neige est grise des cendres des continuels bombardements. Chaque jour, le rituel est le même. C’est celui des avions qui lâchent des milliers de « windows » pour brouiller les radars puis qui larguent des tonnes de bombes, tellement que l’air s’embrase en une véritable tempête de feu.
L’étau se resserre autour de l’Allemagne et déjà les commandos américains du capitaine Collins infiltrés derrière les lignes allemandes contribuent à saper les usines d’armement et notamment celles qui concernent les sous-marins.
Mais à Kiel le 5 décembre, nous entrons dans l’U.Boat-Bunker pour embarquer dans l’ U-864.
Le conflit est déjà dans l’air entre le jeune capitaine Wolfram et le Waffen SS Kemmling.
L’un s’affirme comme le seul maître à bord et a d’abord le souci de la sécurité de ses hommes et du navire pendant que l’autre se pose comme seul responsable de la mission dont l’objet doit rester secret.
On apprendra que la cargaison doit permettre de reprendre l’offensive et de gagner la guerre.
A une centaine de kilomètres de là, voilà le capitaine Lauders qui commande le sous-marin anglais « Venturer » dont la seule ambition et de couler l’U-864.
Il se trouvera aux prises avec le capitaine Collins des commandos américains qui veut d’abord récupérer la cargaison avec l’arrière-pensée de se l’approprier car, il en est sûr, il s’agit de soixante tonnes d’or destinées aux dignitaires nazis déjà réfugiés en Argentine !
Il ira même jusqu’à tuer le caporal Fitzgerald qui l’accuse de ne plus être un soldat mais un voleur et un criminel.
Voilà enfin la belle Céline, la résistante norvégienne au regard d’acier qui aide les commandos américains car elle pense que la cargaison c’est de l’eau lourde susceptible de permettre à l’Allemagne de fabriquer la bombe atomique et qui va y laisser sa vie.
Tous les éléments de la tragédie sont en place.
La traque peut commencer.
Le lieu de l’action est forcément toujours l’un des deux sous-marins.
Dans le confinement les passions s’exaspèrent, le machiavélisme prend souvent le pas sur la sincérité.
Comme dans la tragédie les personnages oscillent toujours entre la peur du danger, le sens du devoir et les convictions dans une période de doute.
Le duel finaI entre deux monstres aveugles tantôt chasseur et tantôt proie est épique.
Nous le redisons, voilà un album somptueux par les images et l’intrigue menée comme un thriller qui tient en haleine jusqu’à la dernière image.
Les merveilleuses illustrations de Piacentini et Travaglini, cernées de bleu quand les équipages sont en mer, en hauteur quand les sous-marins sont en plongée, ajoutent à la sensation d’oppression que le lecteur ressent à la lecture du texte…
Un album qui en dit beaucoup sur la guerre sous-marine.
Un album qui parle dès qu’on l’ouvre et qui ne vous lâche plus !
Uchronie sans doute mais tellement pleine de vérité et de justesse historique qui annoncent la guerre froide.
Pour tous dès 14 ans ! Un coup de cœur d’Opalivres ♥ !
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