DOCUMENTAIRE / BOIGRAPHIE – Dès 11 ans **
de Michel Le BOURHIS
Illustré par Aurélie GRAND
Éditions Acte Sud Junior – Collection (T’étais qui Toi ?) dirigée par Vincent CUVELLIER – 7,80 €
En juin 1790, Mirabeau prononce l’oraison funèbre de Benjamin Franklin et salue « l’un des plus grands hommes qui aient jamais servi la philosophie et la liberté ». Les membres de l’Assemblée Constituante porteront trois jours le deuil du grand homme.
Avec ce « Benjamin Franklin », la collection « T’étais qui toi ? » nous donne à découvrir le fabuleux destin d’un des pères fondateurs des Etats Unis d’Amérique.
C’est une gageure de faire revivre, en si peu de pages, les 84 années de la vie d’un personnage aussi foisonnant, éclectique et autodidacte qui va façonner l’Amérique d’aujourd’hui dans ses grandeurs et ses contradictions.
Pour ce faire, les auteurs nous livrent une biographie en forme de documentaire historique, rigoureuse et méthodique, qui mêle judicieusement le déroulement chronologique, les analyses thématiques et le recours à une multitude d’anecdotes aussi surprenantes que le personnage.
Les illustrations en forme de BD soutiennent l’intérêt dans une forme graphique qui est la marque de la collection.
Le cadre est celui d’une Amérique du Nord Ouest où Boston est un gros bourg de 12000 habitants.
On y émigre :
– pour fuir les persécutions religieuses. Les puritains tiennent le haut du pavé ( la période du vendredi au lundi est celle de toutes les abstinences pour les grands comme les petits, la messe est obligatoire et celui qui dort s’expose au gourdin du bedeau…)
– pour faire fortune dans les négoces les plus divers…
13 colonies françaises ou anglaises sont autant de communautés rivales et repliées sur elles mêmes et utilisent au mieux de leurs intérêts les révoltes des indiens locaux qu’on extermine à l’occasion en leur distribuant des couvertures infectées par la variole.
La France et l’Angleterre sont des métropoles lointaines où Franklin, notre héros, va largement forger son destin et celui des Etats Unis d’Amérique.
Notre Benjamin est fils d’immigré dans une famille de 10 enfants qui sévit dans l’imprimerie, la bougie et le savon.
C’est par l’apprentissage et dans la dépendance du maître qu’il va apprendre l’imprimerie.
C’est en se libérant de la tutelle du maître qu’il va progressivement se faire un nom dans le métier.
Le métier va lui donner la passion des livres . Il découvre rapidement Socrate et la maïeutique l’importance du doute et la méfiance des certitudes .
Pour élargir son domaine et nourrir son industrie, il se lance dans le journalisme et la presse où il innove sur le plan des techniques ( il crée une police de caractères « Franklin Gothic » ) et diversifie pour conquérir de nouveaux publics ( l’almanach, une presse à scandales et une édition qui donne dans la dissertation philosophique sur les relations entre liberté et nécessité ou peine et liberté qui l’obligera à se réfugier en Angleterre…)
Peu enclin aux mathématiques il va pourtant devenir un scientifique de renom en fondant sa méthode sur l’observation et la déduction. La liste est longue de ses communications et des inventions qui deviennent brevets :
- l’inadaptation des vêtements noirs au climat chaud et ensoleillé
- la récupération de la chaleur de la combustion dans ce qui est déjà un poêle à insert
- le tourne broche électrique
- le paratonnerre qu’il met au point à partir d’un cerf volant
Il va aussi exceller dans la mise en œuvre de réseaux qui vont développer son empire et nouer des liens de fonctionnalité entre les colonies rivales :
- le papier monnaie
- les bibliothèques
- les compagnies de pompiers (Union Fire Company)
- la maîtrise de la distribution du courrier et des journaux
C’est avec pragmatisme et à partir de questions concrètes qu’il va lentement créer les liens et les réseaux qui vont jeter les bases de la démocratie et du fédéralisme américain.
Car, fortune faite, et à partir de 1748, c’est au bien public qu’il entend se consacrer.
Avec les qualités et les talents qui sont les siens, il va travailler à faire émerger une « Union volontaire » des différentes colonies. Long cheminement fait de nécessité ( la milice pour la sécurité ) et de principes ( refus de l’impôt et d’un quelconque pouvoir central ).
Contre la France, il ira en Angleterre où il se fera admettre en tant que scientifique par la Royal Society sans pouvoir faire admettre une représentation des colonies au Parlement ni empêcher l’adoption d’impôts qui provoqueront la rébellion des Boston Tea Party et l’émergence d’un congrès qui rassemble les colonies anglaises. Il se lie avec Adam Smith et Lord Hume, deux économistes.
Contre l’Angleterre, il ira en France ( pays des lumières, des bons vins et de la galanterie…).
Il côtoie Voltaire, Sieyes et Camille Desmoulins dans la même loge maçonnique et va, avec Beaumarchais, organiser un gigantesque trafic d’armes (armes contre tabac) et envoyer La Fayette à la tête d’une force de 6000 soldats à l’aide de la jeune confédération américaine dont il devient le ministre plénipotentiaire.
Il réussira, sur le sol français, à conclure la paix avec l’Angleterre sans en tenir informer le gouvernement français…
Il quitte la France riche comme Crésus.
De retour en Amérique, son goût excessif pour la France et son origine modeste l’écartent des responsabilités du Pouvoir.
Il met cependant en garde contre un pouvoir excessif du Président et adresse au Congrès un mémoire pour l’abolition de l’esclavage…entre temps, devenu presbyte…il met au point les verres à double foyer !
Fabuleux destin et excellent livre qui renvoie à l’actualité et que l’on destinera aux collégiens à partir de 11 ans !
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