ROMAN – Dès 14 ans *
De Jandy NELSON
Éditions Gallimard – Collection (Pôle fiction) – 8.65 €
JUDE et NOAH incarnent dans ce livre une gémellité vécue de façon fusionnelle et perturbée par l’intrusion de la sexualité.
L’histoire couvre deux années et demie.
Au cours de cette période ils ont vécu des drames intimes ou familiaux que le lecteur reconstitue peu à peu en puisant dans le puzzle des paroles alternées des héros.
Celle de Noah, chronologique, à chaud, présente un garçon peu sûr de lui et débute quand il a 13 ans et demi ; en alternance, les souvenirs de sa sœur, à 16 ans, sont complétés d’une réflexion intime a posteriori et donc plus mûre. On guette les éclaircissements nécessaires tout en comprenant l’impact psychologique de ce qui a été vécu comme une blessure.
En plus des émois de l’adolescence, l’ouvrage évoque ceux des adultes ainsi que l’obsession créatrice des uns et des autres.
Le père scientifique contrebalance en théorie les excès par sa tournure d’esprit rationnelle.
Soleil, océan, vie libre des milieux artistiques ou surfeurs de la côte ouest des Etats-Unis sont très présents.
Encouragés par une mère passionnée d’arts plastiques qui a décelé chez ses jumeaux deux talents exceptionnels, Noah peint comme il respire, Jude sculpte en cachette.
Quand surviennent les épreuves dans cette vie peu banale, l’incompréhension mutuelle déstabilise le frère et la sœur. Parent, amis, Granny la superstitieuse : qui aidera ces êtres sensibles ?
Romanesque à souhait, le texte est servi par une écriture dynamique auréolée d’analyses percutantes et de formules très imagées sur un sujet original.
Ceci malgré quelques lieux communs : sur les jumeaux (dont tout le monde sait qu’il faut éviter la fusion), sur la transe soi-disant intrinsèque de l’artiste à l’œuvre et la mise en scène de l’homosexualité qui finit par devenir un thème racoleur autant qu’un appel à la tolérance.
L’émotivité, la vulnérabilité sont en revanche très bien rendues.
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