ALBUM – Dès 9 ans
De Chiara MEZZALAMA
illustré par Régis LEJONC
Éditions des Éléphants – 15 €
Dans ce superbe album, Chiara Mezzalama fait revivre un épisode marquant de son enfance.
Son père ayant été nommé ambassadeur d’Italie en Iran, sa famille débarque à Téhéran en 1981, dans un contexte politique terrible qu’elle nous précise en prologue : révolution islamique, guerre avec l’Irak et crise des otages américains.
C’est dans un ancien palais entouré d’un grand jardin sauvage qu’ils emménagent.
Dedans, dans ce jardin se côtoient des fontaines, un étang, de grands arbres et des herbes folles. Ce jardin cache aussi des coins secrets et devient très vite un fabuleux terrain d’aventures pour Chiara et son petit frère bientôt rejoints par un chien.
Mais ceci c’est dedans.
Car ce jardin entouré de murs, les protège de ce qui se passe dehors…
Dehors plus de chants d’oiseaux, on n’entend plus le murmure de l’eau dans les fontaines, dehors le vacarme de la guerre a tout englouti.
Ce ne sont que coups de feu, explosions de bombes et cris…
Dedans c’est le paradis, dehors, c’est l’enfer, « la ville-monstre »…
Un jour, un jeune garçon du dehors fait irruption dans le jardin. Il s’appelle Massoud et malgré la peur, contrairement à son frère, Chiara, elle, est restée. Les deux enfants qui ne parlent pas la même langue se comprennent et deviennent amis en secret (le secret du dedans-dehors) jusqu’à ce que Chiara en voulant lui faire un cadeau provoque la fuite de Massoud…
C’est ainsi que pour elle, l’innocence de l’enfance s’est envolée.
Cet été-là, Chiara va grandir, comprendre la différence entre le don et l’échange qui met les individus sur le même plan, prendre conscience qu’elle vit dans une prison dorée et garder le souvenir d’une belle rencontre. Un souvenir qui donne le courage de sortir de son cocon, de franchir les murs et de vaincre la peur du dehors.
Un très beau texte qui allie remarquablement émotion et sobriété.
Il a une forme plus musicale et poétique quand il décrit la vie du dedans, dans le jardin.
Il prend des accents plus forts, plus imagés pour parler de la violence qui règne dehors.
On sent l’expression du vécu, le rendu d’une situation à hauteur d’enfant. Il est magistralement mis en valeur par les illustrations : des vignettes de différentes tailles qui alternent dominante verte et lumière pour le dedans, dominante noire et rouge pour le dehors.
Les personnages grandissent au fil des pages prenant de plus en plus de place par rapport au cadre dans lequel ils évoluent.
A noter la mise en page très soignée jusqu’au titre entouré d’une grille aux volutes complexes qui fait penser aux ronces protégeant le château de la belle au bois dormant.
Un coup de cœur pour ce grand et bel album !
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